LEHAÏM À LA VIE

SCÉNOGRAPHIE DE SPECTACLE

Lehaïm à la vie

d’après Portraits juifs d’Herlinde Kolb

adaptation : Bernard Chartreux et Bernard Bloch

mise en scène : Bernard Bloch

scénographie : François Duconseille

production : Le Réseau Théâtre

Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes, mai 2004

présentation à la Cartoucherie de Vincennes

Lehaïm à la vie / notes sur la scénographie par François Duconseille

Créer un socle pour la parole
Un espace lacunaire
un espace volontairement en retrait, pour laisser la place à la parole

Espace abstrait qui permet de dégager le texte de la matérialité des contextes de son énonciation

Plus que l’anecdote de la rencontre entre l’individu et celle qui pose des questions, ce sont les tensions, les lignes de force de leur relation que l’espace met en évidence. ce sont les dilatations et les contractions qui parlent de ce que purent être ces rencontres.

C’est un espace qui travaille avec l’absence, le creux, le vide, un espace sans relief pour une parole errante.

Et puis…
le petit banc «sans qualité», banc par défaut de la place de celle qui pose les questions petit banc mine de rien
banc de la précarité, du hasard et de la nécessité
banc de la vie qui dérape, de l’histoire qui déraille
banc du camp de Cornelia Edvardson et d’Erika landau
banc de douleur et de pleurs
banc de bois pauvre
pauvre banc de bois
banc de l’attente
banc qui traverse le temps et percute l’Histoire
banc qui survit lui aussi, qui échappe aux feux de l’Histoire affolée et à la destruction des haines libérées
banc comme un personnage, témoin lui aussi à sa manière

Bancs, grands bancs
bancs du peuple dépeuplé, de l’assemblée brisée
bancs de l’attente en groupe et de la peurindividuelle

bancs du mal aux fesses et du la peur au ventre
bancs sans religion donc pour toutes les fesses
bancs du corps torturé, assis, debout ou allongé ligoté
bancs du bois de l’arbre et de la croix
bancs du supplice et des mots qui réparent la souffrance
bancs de l’écoute et de la pensée
bancs de la transmission et de la rémission
bancs, 3 bancs, 3 bang, en échos, en choc comme l’onde qui court à la surface de l’eau heurtée bancs comme une portée musicale, corps comme notes, plus ou moins tenues et ténues
bancs pour la voix, pour la parole donnée, partagée

Espace de la convocation
du théâtre comme expression de la parole émergeante
Espace de l’incomplétude
du suspens

dispositifs de tournée