BONJOUR MONDE

PROJET PÉDAGOGIQUE


Bonjour Monde

De cette course effrénée vers l’espace, que reste-t-il de ces vues machiniques incertaines, de ces paysages lunaires qui ont marqué nos imaginaires inspirés par ceux de nos écrivains, de nos cinéastes et autres créateurs, que reste-il de nos expériences de regardeurs ? De quelle manière envisager l’autre territoire, celui des mondes virtuels ? Faire entrevoir le sol sur lequel nous marcherions ailleurs comme un sol différent. Nous parlons bien d’un espace autre et distant. 9 étudiants de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg ont accepté de se laisser embarquer par leurs enseignants et intervenants vers ces interrogations et ont imaginé leurs propres scénographies.

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Bonjour Monde

Scénographies virtuelles

Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg et x-réseau

Étudiants participants :

Dounia Beghdadi, Lucie Broisin, Jonathan Debrouwer, Marie Fricout, Seunghee Lee, Julien Margelin, David Sechaud, Kevin Senant, Irène Tchernooutsan.

François Duconseille et Jean-Christophe Lanquetin, enseignants en scénographie 

Grégoire Zabé, enseignant en imagerie 3D

Agnès de Cayeux, directrice artistique de x-réseau

Estelle Senay, ingénieure système réseau et développement simulateur de régions 3D


projets présentés lors du Festival OPEN du Théâtre Paris-Villette


THE ACT OF SEEING WITH VICTOR’S EYES

Dounia Beghdadi et Kevin Senant

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Le viewer est par excellence l’objet qui pose la question du point de vue et de la perception de l’espace voulu commun qu’est second life. De manière plus exacerbée (autour de la question du regardeur, et du spectateur), le viewer est concrètement l’objet qui fabrique ce que l’on voit, en compilant le code mis a disposition par SL. Il permet, en rapprochant cela à d’autre systèmes de perception d’une réalité, de comprendre le rapport qu’il y a entre les informations que l’on reçoit et les constructions mentales qui nous permettent la perception d’un environnement: il est question de cadre, notre esprit « compile » et propose une image de ce qu’il perçoit.

En altérant de manière individuelle ou non l’outil indispensable qu’est le viewer, on s’intéresse aux notions de délire, de visions, d’hallucinations, de rêve, de réalité troublée, de folie, de drogues, d’altération des « sens communs » et d’aliénation. Ces « dysfonctionnements » sont les échos en surface d’une vie secrète de la machine qui compile, et sont les signes d’une activité sensible de l’âme. Cela met en scène les éléments de la mémoires, de la logique de perception, du langage, etc…  et cette « autre chose » propre à la vie.

Nous pourrions tenter de transmettre au viewer les dispositions qui correspondent à des états altérés. SL est souvent comparés à un monde de rêve, un lieu imaginaire, un paradis, une utopie virtuelle, alors qu’il ne fait que reposer un certain nombre de règles et de conventions (éléments nécessaires à son partage on suppose) et propose une vie virtuelle libre, mais surtout normée. SL rejoindrait, à travers le nouveau viewer la trame des idées qu’ils l’ont fait naître, c’est-à-dire le désir d’une réalité autre, impalpable, troublante et qui vient doubler (ou seconder) la vie physique et ses obligations, et laisserait place à des expériences individuelles ou non à coté des cadres de la logique de perception de l’espace et du temps. Nous pensons que chacun est à même de comprendre le délire d’un autre, ainsi nous pourrions tenter de déborder quelques règles ou points de vue, et partager ce qui est éminemment individuel.

Nous avons calqué l’idée de virtualité augmentée sur la notion de réalité augmentée. Ainsi, l’on suppose qu’il y a une virtualité normale, à laquelle vient se superposer une seconde virtualité ponctuelle et supplémentaire, en fonctions de besoins, situations donnés ou autre.


Traversée particulière

Marie Fricout

C’est d’un espace flou dont je rêve dans second life, un espace brumeux où l’on perde ses repères.

C’est d’un espace mémoriel dont je rêve dans second life, un espace dans lequel chaque corps qui passe laisse sa trace.

C’est une expérience que je cherche à donner à chaque visiteur. Se plonger et se perdre dans la matière digitale, traverser des paysages sans contour, s’immerger de leur abstraction.

La traversée est progressive, l’atmosphère évolue. Il y a d’abord ce blanc, léger et translucide, qui nous laisse distinguer la silhouette des avatars qui volent aux alentours. Puis l’on s’enfonce vers le coeur de la sphère, l’espace s’assombrit, il s’opacifie, et bientôt s’alourdi. Quitter la brume éblouissante et rencontrer l’aveuglante nuit. Le voyage se fait au hasard, ne sachant où l’on se trouve, ne sachant où cela s’arrête. L’avatar continue d’avancer, il fend l’espace constitué d’une infinité de particules qui se meuvent au contact de son corps. Il le modèle, y creuse son chemin, le froisse de son passage : il laisse sa trace, l’indice de sa trajectoire.

Il persiste à se perdre pour bientôt se voir propulsé dans le monde qu’il avait quitté. Il reconnaît le ciel, retrouve la mer, les multiples îles, Os grid, ce premier monde virtuel.

Les jours suivants on pourra y retourner mais peut-être n’y reconnaîtra-t-on pas la sphère où l’on s’était plongé. La sphère est éphémère, elle se déforme au rythme des visites, s’effrite des multiples passages, se transforme en des volumes imprévisibles. Il semble bien qu’elle aussi finira par se perdre, s’éparpillant à travers les îles et autres atmosphères.


Super Duchamp ou All Ready Made ou Ctrl D(uchamp)

Lucie Broisin et Seunghee Lee

                   Cher Monsieur Marcel Duchamp,

 Nous espérons que vous allez bien.

Ma copine et moi a beaucoup aimé votre travail sur les toilettes.

On est allé voir votre exposition à Strasbourg avec tout les artistes que vous aviez invités. On a trouvé ça super sympa de votre part, même si on a pas pu prendre de photos. Mais on a été déçu par votre accrochage, on trouve que ça ressemble pas à votre travail. En plus, c’est nul d’avoir fait deux expositions, parce que c’était trop loin d’aller à l’autre. Alors on y est pas allé.

Nous ce qu’on aime c’est les jeux vidéo, les happy meal et vos oeuvres Monsieur Marcel. Comme vous avez raté votre exposition, ma copine et moi on en refait une sur le monde virtuel. (Mais ne vous inquiétez pas, on va pas vous demander de l’argent pour ça.) Est-ce que vous connaissez Super Mario? Tout le monde connait Super Mario. Nous on adooooooore Super Mario. En fait sur le monde virtuel, on peut tout faire vous savez! Alors on a créé un monde à la Super Mario pour que les gens ne s’ennuient pas dans l’exposition. Avec pleins de jeux dedans!

Nous espérons que vous nous soutenez pour notre projet, et nous vous enverrons des nouvelles bientôt.

Nos salutations les plus sincères,


Le roi de cœur

Irène Tchernooutsan


Le mur du cons

Jonathan Debrouwer


Architectures

Julien Margelin et David Séchaud


exposition / restitution à la HEAR , décembre 2011

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