DÉSIRRÉALITÉS

SCÉNOGRAPHIE D’EXPOSITION


Désirréalités

exposition de photographes sud-africains (Pieter Badenhorst, Lien Botha, William Kentridge, Moshekwa Langa, Thando Mama, Zwelethu Mthetwa, Sam Nhlengethwa, Penny Siopis, Andrew Tshabangu, Lolo Veleko, Sue Williamson)

commissariat : Freddy Denaës et Gaël Teicher

scénographie : François Duconseille

production : L’oeil en cascade

Espace 1789, St Ouen, septembre 2007

DÉSIRRÉALITÉS

«Tout ce qui était directement vécu, s’est éloigné dans une représentation. Le spectacle n’est pas un ensemble d’images, mais un rapport social entre des personnes médiatisées par des images.» Guy Debord, in La société du spectacle

L’art contemporain en Afrique du Sud est traversé d’une recherche de la représentation comme désir de construction de nouvelles réalités. Cela passe par l’utilisation d’artifices comme forme de persuasion – soit la fiction s’infiltre, s’immisce dans une réalité qu’elle vient légèrement et subtilement décaler, soit au contraire le réel vient percer des formes figurant un imaginaire ouvert, fort, assumé comme délirant.

DÉSIRRÉALITÉS présentera deux formes majeures de l’expression actuelle des artistes sud-africains, la photographie d’une part, et l’art vidéo d’autre part. Il est nécessaire d’évoquer tout de suite l’importante transversalité existant, des artistes a priori photographes n’hésitant pas à s’emparer de l’image animée, et vice-versa.

montage

IMAGE ANIMÉE/ART MOUVANT

Nombre de films seront présentés, signés d’artistes dont c’est la matière essentielle (de William Kentridge à Tando Mama) ou de gens venus d’autres pratiques (Roger Ballen, Zwelethu Mhtethwa, Penny Siopis, Sam Nhlengethwa…). Si Kentridge est à l’évidence le plus important des cinéastes sud-africains (et un artiste plasticien hors-normes) utilisant les possibilités de l’animation et du dessin pour créer un monde infiniment personnel mais aussi parfaitement universel, d’autres s’emparent du medium animé (plus exactement, en général, de la vidéo) pour ce qu’elle peut raconter de leur monde intime et de leur pensée : Ballen,  Penny Siopis, Mhtetwha, Nhlengethwa, Moshekwa Langa, construisent comme des tableaux vivants autour de la mémoire et de l’organique, où souvent l’image triturée en tous sens est d’abord là pour cacher ce que le regard doit apprendre à révéler.

IMAGE INANIMÉE/ART ÉMOUVANT

La photographie est souvent utilisée comme support du réel où viennent s’ajouter des traces d’imaginaire, de désirs ou des pensées sociales et politiques traduites plastiquement– on pense aux collages de Sam Nhlengethwa, aux dessins de Lien Botha, mais aussi aux étranges portraits décalés et loufoques de Lolo Veleko juxtaposant des modèles aux vêtements éclatants à des rues très quotidiennes. C’est dans cette confrontation entre l’objet et le regard, entre l’image visible et le désir qu’on y accole, que se lit le plus justement l’espace social sud-africain, le lien à travailler, comme dans les images d’un Zwelethu Mhtethwa, photographe du territoire en friche permanente… ou dans la série «Rugby & Soccer» de Peter Badenhorst où passe un beau regard sur l’immensité de l’espace.

Un des photographes de l’exposition peut sembler faire exception, c’est Andrew Tshabangu, apparemment héritier d’une classique tradition de photo-reportage. Pourtant, outre son travail commun avec Sam Nhlengethwa, il y a chez Tshabangu une approche très particulière de la lumière, qui le rattache à cet art de ne pas prendre l’image pour un simple compte-rendu du réel.

A travers ces quelques artistes, très différents les uns des autres mais se rejoignant tous sur l’intensité politique de leur engagement, c’est un parcours en creux autour de la représentation sud-africaine d’aujourd’hui, mais aussi un portrait d’une manière différente de vivre la fascinante ville dans une Afrique à part (essentiellement Johannesburg et Cape Town), ses contradictions, son rythme, ses débordements et ses abandons… 

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